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Ségolène 2010
28 février 2010

F Coutant veut une triangulaire

Blog de Charente Libre            

Coutant: «Je serai intransigeante»

                               

Françoise Coutant, Verte, maire adjointe d'Angoulême, est la tête de la liste Europe écologie dans la course aux élections régionales. Mère de famille, professeure de sciences et vie de la terre, elle mène, à 43 ans, son troisième combat électoral après des législatives (2007) et les municipales d'Angoulême en 2008. Elle conduisait déjà une liste autonome au premier tour avant de fusionner avec celle de Philippe Lavaud (PS) pour le second tour. Forte de cette expérience et du bon score d'Europe écologie aux européennes de 2009, elle n'entend pas jouer les supplétifs de Ségolène Royal à la Région.

L'écologie, la raison d'être de votre liste, n'est ce pas un peu réducteur pour embrasser la gouvernance d'une région?

Françoise Coutant. Bien sûr que non! L'entrée de notre projet, c'est l'emploi. Qu'on cesse de nous classer, nous les écolos, comme des gestionnaires de la nature et des petits oiseaux! Ce que nous proposons c'est un projet global d'organisation de la société et c'est bien cela qu'entendent les citoyens, un volet social et un volet économique différents. Nous voulons changer de système, nous prônons la transformation écologique de l'économie.

Concrètement, cette transformation de l'économie par l'écologie se décline comment?

Elle se déclinera sur différents sujets. Le premier à mettre en oeuvre ce sont les économies d'énergie par un plan massif d'isolation de l'habitat. C'est une réponse concrète à ce que j'appelle la triple urgence: diminuer la consommation d'énergie des ménages, c'est leur donner plus de pouvoir d'achat, c'est réduire les émissions de gaz à effet de serre, c'est créer de l'emploi de proximité.

Un plan massif d'isolation, c'est combien de logements et c'est financé comment?

Ce sont trente mille logements par an contre trois mille actuellement. Il faut mettre en oeuvre des systèmes de prêts parce que les gens qui gagnent le SMIC n'ont pas les moyens d'investir. En revanche, les sommes injectées peuvent être remboursées par l'économie sur la facture énergétique. Il y a dix mille emplois à la clé, voire le double à moyen terme car un tel plan implique le développement de filières, comme celle du chanvre, et des formations pour les artisans et les jeunes. Voilà, c'est cela la conversion de l'économie par l'écologie.

Vous faites fi de la politique «d'excellence environnementale» à laquelle vos collègues Verts ont participé depuis six ans?

Il y avait sept Verts dans l'équipe sortante. Des choses ont été mises en oeuvre. Mais je ferai mienne la formule de Marie Legrand [vice-présidente Verte de la majorité sortante, NDLR]: «2000-2010 ont été les années de l'expérimentation, maintenant il faut changer de rythme.» Nos propositions sont plus ambitieuses. Elles vont plus loin, plus vite que celles de tous les autres. Écoutez les propos de deux vice-présidents Verts sortants. L'un, Serge Morin [sur la liste Europe écologie, NDLR], a une vision offensive, globale. L'autre, Georges Stupar [passé sur la liste Royal, NDLR], se satisfait de la politique en faveur de la voiture électrique et du plan photovoltaïque. Je considère que c'est du saupoudrage par rapport aux enjeux.

Vous vous en prenez davantage à Ségolène Royal qu'à Dominique Bussereau. Ça promet des lendemains compliqués?

Pour Dominique Bussereau, l'affaire est réglée. Nous n'avons rien à partager. Pour ce qui est de Ségolène Royal, c'est différent. On m'interroge beaucoup sur elle, donc je réponds. Alors oui, dans notre discours on parle beaucoup de gouvernance et on a envie de gouverner autrement. Il y a une hyper-présidentialisation qui nous gêne, de même que sa communication sur l'excellence environnementale. 12,5 % de la consommation d'énergie en France proviennent du renouvelable, 9,5 % en région. Ce n'est pas encore suffisant.

Trois élus Verts ont rallié Ségolène Royal dès le premier tour, vous semblez en concevoir quelque amertume?

Nous avons eu un débat interne. Nous avons voté à 93 % pour une liste autonome. Ségolène Royal nous a proposé onze places sur sa liste. On a dit non. C'est du courage politique. C'est elle qui a contacté des Verts, élus ou non. Trois ont cédé. C'est bien du débauchage. Ils se sont exclus des Verts et du quota d'élus que nous revendiquerons. Alors oui, je m'inquiète pour le soir du premier tour. Notre objectif est de mener notre mouvement vers une majorité crédible autour d'un projet crédible et je serai intransigeante.

Deux sondages vous ont donné entre 13 et 15 %, ce qui vous permettrait d'être au second tour. Vous y pensez?

Nous ne voulons pas faire gagner la droite, mais nous n'écartons pas une triangulaire. Travailler ensemble nécessite d'être d'accord sur un projet global que pour l'heure je ne vois pas chez Ségolène Royal. Nous voulons un partenariat fondé sur le respect, nous n'avons pas vocation à être caution. Nous ne sommes pas là pour briller, ni pour servir le tremplin d'autres ambitions, mais pour faire avancer une région où le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 11 % depuis 2002, où 14 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Ségolène Royal tient le budget de la Région à 800 millions depuis trois ans. Faut-il l'augmenter?

Non. Il faut arrêter de financer tout ce qui n'est pas de la compétence régionale, notamment sur les routes ou la LGV. Que l'Etat prenne à sa charge ce qui lui revient. En revanche, nous pensons, contrairement à elle, qu'il faut augmenter la taxe intérieure sur les produits pétroliers, toutes les régions l'ont fait. Par ailleurs, nous devons durant la mandature mettre en place une banque d'investissements régionale, voire interrégionale, et d'ores et déjà certaines banques sont prêtes à la création d'un fonds mutualisé pour développer le programme isolation.

L'avenir d'Heuliez est devenu un sujet de la campagne. La Région y a investi. Quel est votre point de vue?

Je vois surtout qu'Heuliez devient le sujet d'un duel Bussereau-Royal et un enjeu électoral. Je ne trouve pas cela respectueux pour les 600 salariés. Sur le fond, je pense qu'on ne prend pas le dossier par le bon bout. Sauver Heuliez, ce n'est pas financer un système à bout de souffle. La voiture électrique ne va pas remplacer la voiture actuelle. Elle restera un appoint. Il eut été plus judicieux d'engager bien plus tôt la formation de ces salariés vers des secteurs porteurs. Je crains qu'on les ait engagés dans une démarche illusoire.

Propos recueillis par

Ivan DRAPEAU,

Jean-Louis HERVOIS

et Armel LE NY



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